En Amérique centrale, les sœurs de la Pommeraye font face à la crise sanitaire

Sœurs de la Providence de la Pommeraye, Delma et Nidia vivent en Amérique centrale. Fin mai, elles ont donné des nouvelles de la situation humanitaire de leurs pays : sœur Delma au Honduras et sœur Nidia du Guatémala. Propagation du coronavirus, faim et insécurité provoquées par un confinement qui dure… une situation parfois dramatique qu’elles éprouvent avec une confiance inébranlable en Dieu.

A Tegucigalpa, capitale du Honduras, les sœurs s’occupent d’un foyer d’étudiantes. Depuis le début du confinement, quelques jeunes filles sont restées au foyer, car dans leurs familles elles n’auraient pas pu suivre les cours en ligne.

Un climat d’insécurité

« Il y a quelques jours, nous avions besoin d’alimentation et je suis sortie avec sœur Susana. Masquées, munies de la liste de courses, d’argent, et en faisant confiance à Dieu, raconte sœur Delma. Dehors, c’est la surprise : rues désertes, la plupart des commerces fermés. Aux feux tricolores, des gens avec des pancartes « aidez-moi, j’ai faim » ; ou d’autres qui essayent entre les voitures, d’obtenir un peu d’argent (...). J’ai dû surveiller la voiture pendant que Susana faisait les courses au supermarché.

A Intibuca (Honduras)

Avec le confinement, les gens ne travaillent plus et n’ont rien à manger

Le soir nous regardons les nouvelles : une émission de télévision propose des appels au dons. Beaucoup se désespèrent du peu qu’on leur apporte et le présentateur décrit la situation en pleurant. Chaque jour des entreprises (taxis, transport), se mettent en grève et manifestent pour exiger du gouvernement qu’il les laisse travailler ou les aide financièrement. Dans les quartiers, des gens s’unissent pour réclamer la même chose. Parfois, des voisins frappent à la porte pour qu’on leur donne de quoi manger. Nous parlons avec eux, ils nous confient leur situation difficile. Beaucoup n’ont pas de travail, donc pas de revenus pour payer l’électricité, Internet, les frais de santé, de quoi manger.
Jusqu’où pourrons-nous supporter cette situation qui s’aggrave chaque jour ; le nombre de gens contaminés augmente, la durée du confinement s’allonge, et pour beaucoup, celle de la souffrance.

Au Honduras, retour des courses et approvisionnement en riz

« Mais nous savons que Dieu agira »

La récente apparition de la pluie est une bénédiction pour la majorité, mais les moustiques pullulent, la dengue commence à faire des ravages et les inondations provoquent la chute de murs. Au milieu de cette turbulence, nous savons que Dieu accompagne son peuple dans les bons et les mauvais moments, et à quelque moment que ce soit, Il agira et la situation changera. »

Au Guatemala (17 millions d’habitants), la mission de Nidia et des sœurs, est d’animer la « Maison Esperanza », une forme d’école située près de la grande décharge de Guatemala. Les familles y vivent de la récupération pour le recyclage. A la « Maison Esperanza », la communauté accueille les enfants pour le soutien scolaire, et leur donne un repas quotidien ; c’est également un lieu d’accueil et d’écoute pour les familles. Dans le message qui accompagnait les nouvelles, Nidia précise :« Nous allons bien, malgré tout. Comme les hôpitaux jettent leur matériel à la décharge, des personnes qui s’y rendent pour le recyclage ont été contaminées. Deux fois par mois, en prenant les mesures de précaution, nous portons des vivres aux enfants. Grâce à Dieu, nous avons reçu beaucoup d’aide pour eux, et leurs familles vont bien ».

Quand une famille est en quarantaine, personne ne se souvient d’eux pour leur apporter des vivres

Au Guatémala

« Nous vivons un chavirement, dans l’attente de la fin du Covid 19. Chaque jour la situation économique empire. Beaucoup de monde se retrouve sans travail et les gens meurent non pas à cause du Covid mais à cause de la faim. Cela ne se dit pas dans les réseaux sociaux, ni publiquement. Dans les secteurs pauvres, quand il y a des cas, les familles sont mises en quarantaine mais personne ne se souvient d’eux pour leur apporter des vivres à la maison. Là où nous vivons notre mission, une vieille dame de 80 ans est morte de faim. Les hôpitaux, saturés, n’ont pas de matériel suffisant. Les jours de semaine nous pouvons sortir à partir de 17h, mais le WE c’est le confinement total.

Les religieuses de la Pommeraye, une communauté “à l’écoute de Dieu, à l’écoute des frères”

La spiritualité de la congrégation de la Providence de la Pommeraye est de rester “à l’écoute de Dieu, à l’écoute des frères”. Fondée par Mère Marie Moreau au 17e siècle en Anjou, les sœurs de la Providence de la Pommeraye ont une vocation d’hospitalité et d’enseignement et sont présentes dans le monde entier."

Pour en savoir plus
Site de la congrégation de la Providence de la Pommeraye