En Guinée, sœur Marie-Jeanne a ouvert une école après la dictature

Sœur Marie-Jeanne Versiller est de retour en Anjou après vingt ans de mission en Afrique, dont six en Guinée Conakry. Dans ce pays à peine sorti de la dictature, elle a ouvert en 1988 une école avec sa congrégation Saint-Charles. Les enfants ne parlaient pas français, il y avait tout à faire. Aujourd’hui, l’établissement compte plus de 300 élèves.

Nous sommes en 1988. Sr Marie-Jeanne Versiller arrive à Koundara au nord de la Guinée. Tout est nouveau : la chaleur, les couleurs, le muezzin. Le pays se relève lentement de la longue dictature de Sékou Touré qui, aux moyens de répressions sanglantes, s’est battu pour l’indépendance de son pays.
Sur place, elle retrouve trois sœurs de Saint-Charles (qui deviendront en 2014 les sœurs missionnaires de l’Evangile) arrivées deux ans plus tôt à l’appel de l’évêque de Conakry qui souhaite rebâtir l’Eglise de Guinée. Les religieux français ont été expulsés, les séminaires et les écoles catholiques fermés. La langue française a été longtemps interdite jusqu’à la mort du dictateur en 1984.

Des besoins immenses

A la fin des années 80 la vie renaît : la Mission catholique de Koundara se structure avec les sœurs de Saint-Charles et l’aide de deux prêtres spiritains français. Les religieuses sont sollicitées pour y ouvrir un « jardin d’enfants ».

L’école de Koundara aujourd’hui

Les besoins sont immenses : à l’arrivée de sœur Marie-Jeanne, seulement 5% des enfants sont scolarisés. « Nous avons accueilli 42 enfants de 3 à 9 ans qui ne comprenaient pas le français. On communiquait par des gestes, des regards » se souvient sœur Marie-Jeanne. Deux mamans apportent leur précieuse aide de traduction.
En quelques années, six classes ouvrent. Les enfants, toutes origines confondues, sont intéressés et apprennent très vite. « Il était convenu avec la préfecture de Koundara « qu’on ne parle pas religion à l’école » explique la religieuse.
En effet même si l’école fait partie de Mission catholique, à l’image du pays la majorité des enfants sont musulmans.

Une mission féconde

Sœur Marie-Jeanne est invitée aux rencontres d’enseignants dans le respect des croyances diverses : « J’ai découvert ce qu’étranger veut dire. Koundara signifie carrefour, or j’y ai trouvé un brassage d’ethnies différentes. Nous assistions aux fêtes d’initiation chez les uns et chez les autres. Musulmans et chrétiens vivent en bonne relation » se remémore Sr Marie-Jeanne qui fut ensuite appelée au bout de six ans au Sénégal, pour accompagner de jeunes sœurs postulantes.

Jubilé de sœur Marie-Jeanne en 2019 à Madagascar, son dernier lieu de mission

Une mission féconde : aujourd’hui, l’école de la Mission catholique de Koundara accueille plus de 300 élèves. « Si vous demeurez en moi et moi en vous (…) vous porterez du fruit ». Ces mots qui ont guidé Sr Marie-Jeanne Versiller pendant son apostolat, prennent aujourd’hui tout leur sens.

Ecouter le témoignage de sœur Marie-Jeanne Versiller dans l’émission Sans frontières, sur RCF Anjou