Le père Désiré Mateso, un missionnaire en Anjou

Un choc des cultures. C’est ce qu’a vécu le père Désiré Mateso lorsqu’il a posé pour la première fois ses valises en France en 2005. Originaire de la République démocratique du Congo, il est aujourd’hui curé de paroisse à Beaucouzé. Apprivoisement culturel, doutes, chemin de croissance... depuis son arrivée en France jusqu’à sa vie de prêtre aujourd’hui dans le diocèse d’Angers : un vrai parcours de missionnaire.

« J’ai atterri en France le 2 novembre 2005. Dès mon arrivée, j’ai été émerveillé par la beauté des avenues, des transports publics... Tout était beau. » se souvient le père Désiré Mateso.
Envoyé par son évêque pour passer un diplôme de théologie dans une grande ville du sud de la France, le jeune curé de paroisse qui était heureux dans son ministère accepte de tout quitter pour s’envoler vers l’Europe. Là, c’est un véritable choc des cultures même s’il avait « l’image d’un pays bien développé ».

Le père Désiré Mateso

"Dans mon pays, on se salue alors qu’on ne se connaît pas"

Dès les premiers jours, s’il apprécie la beauté de la ville, il est marqué par le « silence » de la vie urbaine à la française : « Je n’en revenais pas. À chaque trajet en bus, aucun bruit. J’étais au milieu d’une foule, mais seul. On évitait de se toucher » décrit ce prêtre souriant, habitué aux transports joyeux et animés de son pays : « là-bas, une fois monté dans le bus, on se salue alors qu’on ne se connait pas. Les gens parlent, rient… »

Au-delà des visages « tristes » qui à ses yeux « contrastent avec le progrès technique et le confort matériel » occidental, une toute autre difficulté l’attend.

Carte de la République démocratique du Congo (crédit 123rf)

Un jour, on informe le père Désiré, alors étudiant et en service dans une paroisse, d’une prochaine messe « festive » à la cathédrale où se tient une récollection. Une célébration qui s’annonce avec « beaucoup de monde ». Il propose de concélébrer.
« Là cela a été la goutte d’eau », la foule n’en est pas vraiment une à ses yeux et la messe dure 35 minutes, tout compris. L’après-midi, le prêtre qui pensait que le groupe était pressé, s’aperçoit que les fidèles sont encore dans les parages, occupés à autre chose. Le prêtre, habitué à « la messe qui prend son temps, célébrée tranquillement », est stupéfait : « expédier la messe comme cela ? Mais qu’y a-t-il de plus important à faire ? »
N’y tenant plus, il fait ses valises. Mais, décide de se confesser avant de partir : « je ne voulais pas repartir avec mes péchés, mes jugements. J’ai trouvé un prêtre à la chapelle. »

« Le Seigneur m’appelait en mission ici en France »

À la sortie du confessionnal, il déballe finalement ses valises. « Le seigneur m’avait dit : « Désiré, tu ne peux pas repartir. Au contraire, voilà ta mission ». Une mission en France… et rapidement, de nombreux chantiers.
Dans la paroisse de ce diocèse d’Occitanie qui reflète l’Eglise de France et qu’il retrouvera en Anjou des années plus tard, le père Désiré travaille sur « cette inquiétude liée au temps. Les gens sont inquiets de savoir si la messe va durer longtemps ».
Et il constate un besoin d’harmoniser les pratiques, comme ce jeudi saint où la préparation du lavement des pieds avait été très différente dans sa paroisse, par rapport à celle d’à côté. Question de style et de sensibilité spirituelle qui dit bien la richesse de "l’Eglise-peuple de Dieu". Et pour qui d’après ce missionnaire dans l’âme...« Jésus-Christ est un trésor ».

Pour aller plus loin :
Paroisse saint-Lambert-et-saint-Gilles-en-Linières de Beaucouzé

Réécouter l’émission "Sans frontières" sur RCF Anjou du 7 février consacrée au père Désiré